Le travail proposé dans la série « traces » s’intéresse au corps et ce qu’il est capable d’endurer. Il cherche à montrer comment notre corps répond, en dehors de notre volonté, au monde extérieur, et plus précisément comment notre peau communique et interagit avec son environnement.
En choisissant de photographier les traces (réactions épidermiques) laissées par les soutiens gorges sur un corps féminin, cela permet de témoigner de l’endurance physique à revêtir un tel «harnachement».
Plus qu’une autre partie du corps, la poitrine se révèle être une zone délicate et sensible. Elle est donc plus apte à manifester le contraste entre la douceur de la peau et l’agression des sous-vêtements. De plus, cette trace révèle un dessin impossible à imaginer tant que le vêtement n’est pas porté, un dessin au graphisme élégant dans son détail et dans ses courbes. Cette composition graphique harmonieuse déposée sur la peau contraste elle aussi avec la douleur que provoque le dispositif (élastique, armature, liens…)
Le tracé du soutien-gorge se superpose au dessin des rondeurs de la poitrine, il permet à la fois de la souligner mais aussi de perturber sa lecture par la présence d’une souffrance. Alors qu’habituellement gommée, dans les photos de mode, la trace est ici magnifiée. Elle exprime, au cœur de l’intime, la douleur que la femme supporte au nom des canons de l’esthétisme occidental. Ligoter son corps pour apparaître encore plus belle et séduisante. Pincement, compression, échauffement… témoignent des sacrifices visibles dans ces stigmates.
Le cadrage et la mise en scène photographique se doit etre le plus neutre possible afin de rester concentré sur le marquage et rechercher un équilibre

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